6700m de D+ en 101km … histoire de rester au contact du circuit Trail.
L’Eiger ultra Trail, manche de l’Ultra Trail World Tour, au pied du sommet mythique.
Un site annoncé comme magnifique, un Trail qualifié de technique et de haute montagne.
Je confirme !
Une parenthèse ultra trail
Cette manche de coupe du monde me paraissait la plus facile à caler, Trois mois avant le championnat du monde de 24h à Albi cette manche de l’Ultra Trail World Tour me séduisait : distance la plus courte de l’UTWT, accès facile et rapide depuis Nantes, et un décor somptueux à découvrir selon les dire du « jaguar » Christophe Le Saux.
L’année dernière j’avais risqué sans préparation spécifique mais avec succès un championnat de France de 24h un mois et demi après l’UTMB.
Alors cette année avec une préparation spécifique déjà bien entamée pour le 24h j’ai pensé que cet intermède Trail à 12 semaines d’Albi pourrait présenter quelques aspects intéressants : renfort en puissance, en endurance, gestion de l’alimentation…et parenthèse nature distrayante dans ma préparation 24h !
Je signe donc, grâce à Carole de Outdoor & News dès le début d’année.
C’est malgré tout un peu l’aventure… et j’aime ça.
Un ultra trail en mode aventure…
J’y vais seul, sans assistance, je n’ai aucune préparation pour ce style d’épreuve avec une préparation pour le dénivelé égale à zéro si ce n’est ma participation au Trail des Crêtes d’Espelette… Bref, le défi est costaud et l’issue incertaine.
Mais j’ai la chance de retrouver sur place mon ami Jorge.
Le voyage sera express : avion Bordeaux – Genève le vendredi midi, 3h de train direction Grindelwald via Bern et Interlaken, et arrivée à 18h30 le vendredi soir avec une remise des dossards clôturant à 20h !
Le départ de la course est prévu lui à 4h dès le samedi matin…Pour le retour ce sera à 10h dimanche de Grindelwald pour reprendre l’avion en fin d’après midi et rentrer à la maison…
48h chrono pour caser un ultra Trail de 101km , les transports aller/retour et à l’occasion dormir un peu.
Vendredi, 10h. Je dépose ma voiture à Bordeaux chez Iza qui m’accompagne à l’aéroport. C’est cool.
Le décollage prévu à 12h est reporté de 45′. Ca sera ric-rac pour l’enchaînement avec le train mais ça passera. Atterrissage à 13h50, train à 14h32, ça baigne.
Ouf !
A la gare constat fâcheux: j’ai oublié ma carte bleue dans la voiture, je n’ai pas un euro sur moi et pour en rajouter une petite couche j’ai laissé chez mes parents les petits sandwichs que je m’étais confectionnés avec amour.
La journée va être longue sans manger !
J’arrive sans encombre à Grindelwald à 18h30 !
À la gare, j’ai la surprise de retrouver Jorge qui m’attend. Super ! J’ai fait sa connaissance lors de la Grand To Grand aux U.S.A. avec la Team Centrakor-Laulhère fin septembre 2017.Il me guide vers mon dossard pour gagner du temps. C’est le n°7.
Chic: avec le dossard un ticket pour la pasta party. Bingo, j’aurais au moins à manger pour ce soir !!
Nous avalons notre pasta et allons prendre possession de ma chambre d’hôtel. J’y invite Jorge qui avait prévu de dormir dans sa voiture.
Il me prête 50 francs suisse « au cas ou ». Après la course ça pourrait me dépanner.
La nuit va être courte, réveil 2h55 pour un départ à 4h. Cela devrait suffire.
Une longue journée autour de l’Eiger
Un petit déjeuner rapide compris avec la chambre d’hôtel (rien à débourser !) et nous rallions, en tenue et sacs de course à la main le départ distant de 1,5km.
Nous nous retrouvons à 600 sur l’aire de départ face à l’Eiger qui restera omniprésent pendant toute la promenade.
Je prends place sur la première ligne à côté du britannique Sean un ami du team Instinct.
Le compte à rebours à commencé.
Pour moi, pas question de prendre de risque au vu de la préparation. J’ai prévu un départ à ma main. Prudent.
Pensant que les bâtons n’étaient pas autorisés en cabine dans l’avion je n’en ai pas pris. Erreur de casting ! Presque tout le monde en a ! Cherchez l’erreur.Tant pis pour moi, c’aurait été dommage de se priver d’un handicap supplémentaire !!
6…5…4….3…2…1…top départ!
Le peloton s’ébranle à travers les rues de Grindelwald. Direction la montagne !
Quelques kilomètres de bitume et puis les premiers sentiers.
Dès le départ, un groupe d’une vingtaine de coureur se forme à l’avant… Sans moi.
Je monte à mon rythme. Je sens rapidement le poids du sac.
Car même si je suis assez performant au niveau du poids de mon matériel obligatoire (merci Cap Outdoor Nantes!) , faute d’assistance perso je trimbale l’ensemble de mes ravitaillements spécifiques Meltonic (boissons et gels énergétiques)
Je suis bien chargé et je le sens bien dans cette première ascension. Je fais quelques foulées avec l’ami Sangé Sherpa qui lui a déjà réalisé un top 10 sur cette course l’année passée.
2000m d’Altitude, et pas d’acclimatation
Direction le col de Grosse Scheidegg par le pied du Wetterhorn.
Je suis à l’aise à mon train alors que devant les hommes de tête prennent le large.
Sean Van Court du team Instinct m’accompagne jusqu’à ce premier col.
Arrivé là, au bénéfice d’une partie courante en balcon plus à mon avantage, je lâche définitivement Sean même si je ressens les effets indésirables de l’altitude. Il faut dire qu’avec un terrain de jeu (le 44) qui a la palme du département le plus plat de France, mon organisme n’est pas particulièrement acclimaté. Ç’aurait été trop facile !!!
Les premières lueurs de l’aube commencent à apparaître.
Alp Grindel. Le jour se lève. J’éteins ma frontale.
12km de réalisés, plus que 89 ! On s’engage dans une descente à partir de First. Direction Bort, les hauteurs de Grindelwald.
Cette première descente bitumée, très raide, fait mal aux cuisses.
Dans le petit village, nous retrouvons la montée direction First à nouveau et des chemins qui montent sec.
L’ascension est moins longue que la première, mais elle l’est suffisamment pour ne pas s’y enflammer. Je monte au train, légèrement moins rapide que les concurrents que j’avais rattrapés dans la descente précédente. Ce scénario restera le même jusqu’à la fin.
Je bois, je prends un gel, le tout en poursuivant mon effort.
Sur la droite, le soleil tarde à apparaître, ce qui me laisse encore un peu de repos avant la montée en température.
L’objectif est sur la crête, à droite. Il faut avant d’y arriver faire le tour d’un vallon. La montée reste régulière. Avec quelques portions de pente plus raide. Je sors des arbres.
Franchissement du torrent du fond du vallon, et montée direct vers First.
C’est après plusieurs lacets que je vois le sommet et le point de vue qui nous attend.
Aïe !
Ca semble inaccessible. Cerise sur la gâteau,une passerelle métallique de près de 200m (peut être un peu moins mais quand on a le vertige ça paraît interminable !!) au dessus du vide !!! Marcher sur un grillage et voir le vide sous ses pieds n’a jamais été ma distraction favorite.
J’arrive en haut et m’y engage… Gros soulagement en arrivant de l’autre côté.
Au ravitaillement, je refais juste le plein d’eau et repars. Gain de 3 places dans la manip !
Nous attaquons la pente vers le lointain Faulhorn et ses 2681m. Mes compagnons en profitent pour revenir sur moi.Lacs, montées, descentes, et la partie de yoyo avec mes compagnons se poursuit.
J’arrive seul à Oberlager Bussalp, . Autant dire que depuis quelques temps, il me faut grandement composer avec cette altitude qui change des 30 mètres d’altitude de mon vignoble Nantais !
Quand je disais que je partais dans un esprit d’aventure…
La ça ne rigole pas. La montée est sévère. Pas de stress, je monte à ma main et je me gonfle le moral en pensant aux 20km et 1800m de D- qui viendront ensuite.
Prendre son mal en patience.
Puissance, fréquence… Mais jaloux quand même des autres coureurs qui ont leurs bâtons !!
« droit dans l’pentu !«
Et ça monte et ça monte !
Il faudra un peu de temps avant d’arriver là haut.
55′ pour être exact. 55′ pour faire 3km…pas rapide ! Pas de quoi affoler les radars !
J’arrive à un col qui précède l’accès au sommet. La progression se fait maintenant par une crête vertigineuse : 1 mètre à main gauche, et on se retrouve dans la vallée ! (c’est peut être le vertige qui me le fait dire !!)
Mais en haut, le soleil m’accueille, et quelle vue ! Waow !
D’un côté de la montagne, les deux lacs immenses qui encadrent Interlaken. Magnifique !
Et puis, de l’autre côté, mis en valeur par les premiers rayons du soleil, l’immense Eiger.
Je passe le ravitaillement du sommet rapidement. C’est loin d’en être terminé !!
Un suisse en mauvais état s’est arrêté se reposer. Je l’encourage en repartant. Il me redoublera un peu plus loin le bougre…
20km de descente pour terminer la première boucle
Je m’engage sur le sentier de crête. En direction du Loucherhorn.
Les kilomètres passent plus rapidement, entrecoupés par quelques montées, que je fais en marchant comme depuis le début de la course. Avec dans l’idée de gravir les dernières ascensions à peu près aussi bien que les premières… Utopie oui mais j’aurais essayé !
Je contourne le Loucherhorn, la descente se poursuit. Ca passe nettement mieux que les montées.
Voilà maintenant 1h26 que j’ai franchi le sommet. Un petit ressaut et j’arrive au ravitaillement de Schynige Platte. Une courte halte de quelques secondes pour refaire le plein de mes bidons et manger un bout de fromage suisse et c’est reparti.
Nous sommes arrivés à 5 en même temps et je repars second : ravitaillement bien optimisé !
En prime un petit goût de fromage dans la bouche pour prolonger le plaisir… Mmmmm
Le plaisir fait place à une alerte au bout d’une vingtaine de minutes : crampe aux adducteurs.Stoppé net dans mon élan.
Le binôme suisse, dont celui que j’avais encouragé tout la haut, me redouble et s’inquiète de mon état. C’est ok, simple crampe. Sauf qu’en l’étirant, des crampes aux mollets apparaissent…
… Et je n’ai fait que 47km. Otés de 101 reste 54 !
Je remets mon cuissard de maintien BV Sport pour accentuer la compression sur l’intérieur des cuisses, au niveau des adducteurs. Bonne manip qui me permet de repartir progressivement et remettre la mécanique en marche.
Y’a pas de mystères, quand on n’est pas entraîné spécifiquement pour une activité, on souffre bien plus !
Enfin, après 6h37 de course et 52km, j’arrive en 17ème position à Burglauenen.
Nouveau ravito express le temps de remplir mes flasques et hop 4 ou 5 places de gagnées.
Je traverse la voie ferrée et la route et repars à l’assaut des montagnes pour la deuxième moitié du parcours !
Plus que la moitié !
Plus que 49 kilomètres !
Dès le début, même sur le goudron le pourcentage est costaud. Un vrai petit mur que je ne serais pas sûr d’être capable de monter à vélo !
Je prends dès le début une bonne allure de marche active…
« cadence-puissance » avec un mouvement de bras ample.
Dans cette fraîche montée ombragée, deux coureurs reviennent sur moi. Je suis satisfait de mon rythme et de cette nouvelle ascension où j’ai l’impression de conserver mon allure.
Prochaine étape, le village de Wengen au 61ème kilomètre.
Pour y arriver, nous terminons par une descente. Les jambes durcissent et les crampes ne sont pas loin mais j’avance et ça tient.
Deux coureurs de plus me doublent juste avant le village… Ils sont pressés…
Petite boucle dans le village et passage au ravitaillement.
Bref arrêt au stand où je prends quand même le temps de déguster le jambon, de boire et me rafraîchir avant d’entamer ce que je découvrirais être LA montée du parcours. Le chemin de croix… L’enfer … Bref le calvaire.
Montée vers Mannlichen…l’horreur !
La montée vers Mannlichen. Un cauchemard.
En attendant, j’ai laissé deux coureurs au ravitaillement !!!Quelques mètres dans les rues et nous enchaînons sur le début du chemin qui monte. Qui monte…
Un des coureurs doublé au stand me repasse. Bon, j’ai l’habitude maintenant.
Je poursuis ma montée à mon rythme. Il est midi passé et dans la vallée la température monte.
Moi aussi, mais pour retrouver un peu de fraîcheur d’altitude. Fraîcheur relative. Mais cette première moitié de montée ombragée n’est pas pour me déplaire.
Faut être têtu ! Même si la pente s’accentue, je m’accroche et essaye de garder une fréquence décente.
Sortie de la forêt, je découvre l’objectif. Ce Mannlichen dont on m’avait parlé.
La difficulté, c’est qu’on voit l’objectif, mais entre la pente, la falaise, les installations anti-chutes de pierre et anti-avalanches, on se demande quel va être le cheminement !
J’enchaîne les lacets, dépassé par un nouveau coureur sans que je ne résiste une seule seconde.
Je regarde mes pieds, pour ne pas voir le sommet… Qui semble toujours aussi loin !
Les jambes sont dures, la pente est raide, je marche « ti pas ti pas » comme on dit à la Réunion. De toute façon je ne peux pas faire autrement !
Et puis j’entre dans la zone de défense en zigzagant entre les grandes structures de bois et de métal.
Une barre rocheuse et apparaît enfin la dernière ligne droite. Sinueuse ! Mais l’objectif est « presque » tout proche.
Un nouveau coureur me double. C’est d’ailleurs magnifique et inattendu de se faire doubler toute la course et au final de faire un classement décent bien meilleur que celui attendu !
Les derniers lacets. D’en haut les encouragements se font entendre. J’y arrive enfin !
1h23 pour gravir ces 5km. Ma moyenne en prend un coup !
Ce Mannlichen se mérite, alors je m’arrête !
Je vide plusieurs verres de coca d’affilée, mange du jambon, du fromage, des barres énergétiques. Bref, je refais le plein. Du ventre et de mes flasques.
La première femme arrive, la suissesse Kathrine Götz. Elle se ravitaille et repart. Je suis toujours en stand by sur mon banc.
Une autre course
Allez, il faut se faire une raison, même si l’abandon me tend les bras, primo je ne suis pas blessé, et je ne peux repartir sans passer par l’Eiger et recevoir en souvenir mon caillou (la médaille) à la fin de la course.
Je repars.
C’est cette fois-ci une bonne descente sur piste ou je peux avancer dignement… A une douzaine de kilomètres par heure… La foulée est honnête et j’avale les 5 kilomètres suivant en 30′, m’offrant même le privilège de doubler un coureur juste avant le pointage.
Ca c’était juste avant le pointage, parce que juste après, on repart en montée. L’insolent me double direct !
Petite montée à travers les alpages. Ce ne sont d’ailleurs maintenant plus que des « petites montées ». 300 mètres de D+ Maxi. Celle ci en fait 200.
20′ pour monter. Le calcul est vite fait, ça fait 600m de D+ à l’heure. Pas fameux mais je m’en contente… Pas le choix de toute façon je fais ce que je peux !
Passage au point haut de Lauberhorn, et j’enchaîne sur 17 minutes de descente à travers alpage, sans me faire doubler. Top ! Je me trouve même plutôt bien.
J’arrive au ravitaillement de Wengernalp après 10h34 de course pour 75km de parcourus.
Il me reste 26km. Autant dire que pour ficeler la course en 13h plus ou moins 30′ comme je me l’étais fixé…c’est pas gagné !!
Je commence à rentrer dans une grande partie de calcul mental. Ma spécialité pour faire passer le temps.
26km, a raison de 5km/h si je suis pas super bien, sachant qu’il y a plus de descente que de montée, ça me ferait encore 5h, soit 15h30 de course.
Super, ça me ferait arriver avant la nuit !
Mais il ne faut pas s’arrêter trop longtemps au ravitaillement sous peine de voir la moyenne s’écrouler.
Non, je n’ai pas envie d’arriver de nuit.
Ca cogite dur !
Ravitaillement rapide, je regratte un coureur qui s’est arrêté plus longtemps que moi. Cinq cents mètres plus loin… il me redouble ! Ça monte à nouveau…
2,5km de montée sur une piste qui monte tranquille le long du train à crémaillère. Je marche dès que la pente me semble trop importante, c’est à dire un pourcentage de plus en plus faible au fil des kilomètres.
J’arrive néanmoins à courir un peu. Quand même. Et lorsque je marche, je maintiens un 5km/h. Je suis dans mon timing de 5 à l’heure !
35′ de montée « seulement ». C’est une réussite.
J’arrive au col et à la station du funiculaire de Kleine Scheidegg où nous attendent des bénévoles. Pause imposée… Par moi.
Je m’assieds à l’intérieur et bois coca, mange chocolat suisse, un délice, me ravitaille comme il faut. Un bénévole providentiel à l’excellente idée de me proposer de la pastèque. Un régal. J’en reprends !
Une pause un peu plus longue que prévue, je perds une place.
C’est bon je m’élance sur la piste qui se transforme rapidement en sentier. Malheureusement, un kilomètre plus loin, seconde alerte. Ma crampe à l’adducteur se rappelle à mon bon souvenir. Stoppé sur place !Le coureur qui me suivait me double en s’inquiétant de mon état. Rien de grave, je procède comme la première fois. Étirements légers, je remonte mon cuissard et repars doucement. Ça tiens et je reprends une allure convenable…qui remonte la moyenne !
Le point bas arrive plus vite que je ne le pensais.
Sur le flanc de l’Eiger
Bon, la montée vers la station de train à crémaillère de Eigergletscher doit être plus courte alors ! Dernier point haut de la course, 2276 mètres d’altitude. Enfin je ne souffre plus de l’altitude…mais le cumul du dénivelé à pris le relais en terme de fatigue.Je termine cette belle descente à travers les alpages jusqu’au point bas, puis virage direct à gauche.
Devant, toujours dans une belle prairie, le sentier monte sec. Au pas de marche forcée, mais avec un manque certain d’énergie, je grignote les mètres.
Fréquence…puissance…Même en se le répétant, j’en arrive plus à faire les calculs d’allure pour arriver avant la nuit.
Quelques minutes et le pré est traversé, pour arriver sur la moraine qui longe le glacier de l’Eiger (EigerGletscher) qui par le passé descendait jusque là…400m plus bas qu’à l’heure actuelle…
La trace longe cette moraine jusqu’à la gare, magnifique vue sur l’Eiger dont le sommet est perdu dans la nuit.Je souffre sur ce final, mais déguste mes derniers mètres de souffrance avant la longue descente.
C’est terminé ! J’ai bien monté. Celui qui me précède ne m’a rien repris. Une réelle satisfaction.
11h50 de course, 80km de parcourus…plus que 21 ! Si je fais du 5km/h, celà fait 4h, donc 15h50 de course…Cool j’arriverais avant la nuit !…et c’est maintenant principalement de la descente (avec quand même deux bosses plus dures que prévu), ce qui devrait me faire arriver plus tôt…génial !
J’aborde la descente avec les jambes dures, mais motivé. Et en plus, toute la descente s’effectue à flanc de la face Nord de l’Eiger.
Mythique face Nord.
C’est pour ça aussi que cette course est belle. Pour le mythe.
Une belle descente qui permet de bien courir et d’avancer allègrement…la moyenne remonte !
Au bout d’1km de descente, quelques gouttes de pluie commencent à tomber. Effectivement, en levant la tête vers le colosse qui nous surplombe, je m’aperçois que la météo se gatte. Il faut « vite » descendre avant que le sol ne glisse trop. Mais j’ai la chance d’avoir une semelle qui adhère parfaitement.
Après 5km de descente roulante avec cailloux, la pente s’accentue et fait place à des lacets. La pluie commence à tomber de plus en plus fort.
Un peu après Alpiglen, c’est le déluge. Je suis trempé ! Je ne pensais pas qu’il serait utile, mais je revêts mon imperméable. Ca ne m’empêche pas d’être rapidement trempé et de faire « floc floc » dans mes chaussures !
C’est juste après que j’ai ma troisième alerte. Stoppé net à nouveau par cette crampe qui me menace depuis plus de 45 kilomètres.
J’ai plus de mal à faire passer celle ci. Je me fais doubler. Ce sera la dernière fois de la course. Ce concurrent prend également la peine de me demander si tout va bien…je le rassure, je commence à m’y habituer !!
Il pleut toujours autant, les pieds baignent dans les chaussures.
Dans le final
Encore 5 kilomètres de parcourus, soit maintenant 90 derrière…Plus que 11 ! 12h11′ de course.
Dans ma tête, il ne reste plus qu’une petite montée et une autre un peu plus grande…enfin sur le papier.
Car oui, sur le terrain, je découvre un tout autre profil, plus costaud que prévu. La pluie s’est soit calmée. Je grimpe à travers les bois…Ca n’en finit pas.
Pas après pas, mais bien incapable de me concentrer sur la puissance et la fréquence. J’ai le pas lourd.
Je double des coureurs…de la course du 35 kilomètres.
Je suis arrivé en haut de cette première bosse…la plus « petite » !
Je suis un peu inquiet pour le seconde…
Avant il faut en terminer avec un petit single à travers les arbres parsemé de racines qui me paraît interminable.
La course est longue pour moi, mais pas que…Ma montre tombe en panne de batterie…Plus de repères…Ouf.
Enfin, ça redescend.
Plus qu’une montée avant l’arrivée !
La descente est rapide et surtout courte. A peine quelques minutes pour arriver en surplomb d’un canyon d’une vingtaine de mètres de profondeur. Je prends le temps de faire le détour par le point de vue…Magnifique canyon.
Juste après, le passage par une passerelle est vertigineux, avec vue imprenable sur le torrent qui coule au fond…Waow !
Vertige de courte durée, la dernière ascension se présente juste après. J’ose me rassurer en pensant au fait que n’étant pas redescendu beaucoup, cette nouvelle montée sera moins longue.
Notre parcours se sépare de celui du 35km. C’est reparti pour quelques minutes de souffrance.
Ça n’en fini pas. Devant, c’est une falaise, et je sais que nous devons aller vers la gauche, hors nous nous dirigeons vers la droite de la falaise…pas bon signe !
Encore et encore, mais enfin, enfin je vire à gauche et vois devant, des bénévoles au bout d’un balcon en béton.
La fin de l’ascension me fait oublier le vertige infligé par le passage d’une vingtaine de mètre au dessus du vide.
Quelques échanges au second degré avec les bénévoles…c’est parti pour la descente finale ! Mais avant, je stoppe au ravitaillement de Pfingstegg.
Plus que 6km. 1h maxi !
La descente sur piste m’est plus bénéfique et j’avance plutôt bien. Je déroule en jouant toujours avec mes crampes et douleurs musculaires. J’arrive sur le goudron, plus que 3km.
Enfin voilà l’entrée de Grindelwald.
Au sol, l’indication 1,3km est inscrite au sol. Nous traversons un camping où je profite des nombreux encouragements que nous accordent les campeurs.
C’est la fin, sauf que nous sommes au fond de la vallée et que l’arrivée est jugée dans le village….un peu plus haut ! Nous retrouvons l’arrivée du 52km. Un des coureurs de cette course termine avec moi. Nous montons ensemble en marchant bon train cette dernière montée bitumée.
Une vraie montée. Courte mais pentue ! Mais en haut, c’est quasiment l’arrivée !
Je me retourne pour voir les coureurs qui nous suivent. Je pense que parmi les coureurs du 53 et 35km, il doit y avoir un concurrent du 101km.
Peu importe. Il est encore assez loin et je n’ai pas envie de m’énerver si près de l’arrivée ! D’autant plus que comme je le réponds à mon compagnon d’infortune, je pense être autour de la 35/40ème place…sauf que je me trompe !
Peu importe, je rallie l’arrivée avec mon camarade et nous profitons pleinement des derniers mètres.
Il fait encore jour ! Top… Il n’y a plus de montée ! Ouf… Et nous franchissons ensemble l’arrivée !
Je me retourne pour voir sur l’arche mon chrono, n’ayant plus de montre opérationnelle, et j’ai la surprise de voir ma 25ème place pour 14h29′ de course. Une bonne heure après mon temps pronostiqué, mais bien content malgré tout d’en finir enfin avec ce chrono.
Terminé !!
5 secondes après moi, arrive le second français qui est revenu en trombe derrière moi !
A l’arrivée, je retrouve Arnaud, le caméraman de l’UTWT, et la patronne Marie pour quelques moments d’échanges sur la course.
J’enchaîne sur le ravitaillement ou j’engouffre plusieurs parts de pain avec le fromage local.
Ce « dîner » improvisé terminé, je retrouve l’hôtel après 1km5 de récupération active en marchant (en côte !!!) pour me laisser tomber dans mon lit !
C’est à 4h du matin que Jorge arrive dans la chambre, après 24h d’effort pour sa part.
Et puis le réveil qui suit est matinal, 8h, pour enchaîner avec le voyage retour qui me permettra de retrouver ma famille via Genève puis Bordeaux.
Là je profite d’une petite halte chez Iza pour savourer un apéro soft bien agréable avant un retour à La Palmyre qui conclura ces 48h intenses !
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