Il me fallait une course avant les « mondes » au vu d’un début de saison bien chamboulé. Je la voulais cohérente par rapport au championnat, c’est-à-dire roulant. Je la souhaitais à proximité de la maison pour éviter de galoper à travers la France. Je la voulais originale et je souhaitais découvrir un nouvel environnement pour en prendre plein les yeux…alors un coup d’œil sur le calendrier, c’est tout trouvé ! Ce sera le trail de l’Ile d’Yeu !
Le 15 juin, trois semaines avant l’échéance mondiale, un 45km roulant, juste en sortie de stage équipe de France, c’est parfait ! Un mail à Stéphanie, présidente de l’association organisatrice, en lui demandant une place pour l’épreuve, les inscriptions ayant été prises d’assaut. Un retour super agréable, un contact qui passe bien…j’attends l’épreuve avec impatience !
Aller, on se fait plaisir, on va profiter de la course pour se faire un petit weekend entre copains. Nous resterons trois jours … et ça me permettra d’étrenner mon fusil de chasse sous-marine !
Tout juste de retour du stage en équipe de France, juste le temps de défaire mon sac pour le refaire, de remplacer les affaires de montagne pour des vêtements de mer. Dans mon sac, la combinaison, les plombs, le fusil, le masque et tuba, le couteau…et accessoirement mes affaires de course pour le trail ! Pendant ce temps-là, Céline prend le reste…ses affaires, celles des enfants et à manger ! :-/
Vendredi après-midi, j’entasse tous les sacs dans la voiture…heureusement, elle est grande !! Nous partons.
1h20 de route et nous voilà sur le port de la Fromentine. On décharge tout et je pars me garer. Spécial les stationnements…dans des parkings « privés ». Je n’avais jamais vu ça !
Je rejoins Céline, les enfants et la pyramides de bagages, et nous filons récupérer nos billets. Nous retrouvons Véronique et Laurent. Et surprise, je croise ma première adjointe de Vertou, en weekend sur l’ile aussi. En prime, toute une délégation de la Vaillante course à pied de … VERTOUUUUU !
Nous emmenons nos sacs dans les containers et rejoignons tous ensemble l’embarquement. Dans le bateau, c’est places assises uniquement. Nous sommes tout derrière et je me fais reprendre par un « stewart » du navire. Tant pis nous retournons nous assoir !
45’ de navigation, et nous voilà à l’entrée du port de Port-Joinville. Accueil de l’Ile d’Yeu. Nous découvrons un petit port bien sympa avec une rangée de façade d’ancienne maison de marins. Très mignon !
Descente du bateau, nous récupérons nos bagages, retrouvons Raphael venu à notre rencontre avec Julie, pour nous conduire à notre logement. Un petit saut en face de l’embarcadère pour récupérer mon dossard pour la course, parfait, facile à trouver…à peine sur l’ile et on prend possession de nos sésames pour la course.
Direction la maison, nous retrouvons en cours de route Mélanie et Paul, puis découvrons notre logement…superbe ! Dans la cours, l’amer tribord du chenal, original.
Petite soirée tranquille, je ressors juste accueillir Iza qui arrive par le dernier bateau. Je termine la soirée par les préparatifs de course, préparation de la tenue, ravitaillements, dossards…tout est de côté et prêt à être enfilé pour le lendemain.
Samedi. Réveil 8h pour un rdv à 9h15 au niveau de la forteresse de l’Ile. Je m’habille en tenue de course. Dehors c’est agréable, le beau temps est au rendez-vous !
Un très petit déjeuné rapide, des petits pains « digestipains » au raisin d’Effinov, léger mais bien nourrissant, top, et un thé pour faire couler le tout.
Prêt, je m’en vais vers le lieu de rassemblement pour le briefing de course prévu à 9h15, sur place, ça commence à grouiller, les gens sont venus en nombre du continent. Je rencontre Stéphanie, la présidente de l’asso, qui me fait interviewer, et s’ensuit un enchainement de photo, et la rencontre avec la Vaillante de Vertou, venu en nombre puisque plus de 40 sur toutes les courses. Ahhh Vertou !
9h45’, c’est la transhumance, nous prenons tous la direction du Port de Port-Joinville pour prendre le départ sur le quai du port. Beau site pour un départ. Je pars pour mon échauffement classique, à nouveau quelques rencontres, dont Babass, croisé sur le net et sur quelques épreuves de la région.
10h40’, le départ approche, un coureur me raconte ses aventures de coureur passées, et m’empêche d’écouter les instructions de course…et le coup de sifflet qui indique le départ de la course !
Nous sommes 20m derrière les coureurs massés sur la ligne et je les vois se mettre en route. Je réalise seulement que le départ a été donné, je laisse mon vétéran à ses souvenirs et je file rejoindre le reste du groupe. Je me faufile, alternant entre l’intérieur du groupe et le trottoir pour doubler rapidement l’ensemble du peloton le plus délicatement possible. Je me retrouve en 100m au-devant du groupe, et à mesure, je prends mon rythme.
Les consignes du coach sont limpides. C’est pour moi une course de préparation pour les mondes, quelque soit le niveau, il faut que je ne lâche rien et que je donne le maximum. Bon d’accord coach !
Alors je prends mon train. C’est une course roulante, alors à 16,5 à l’heure, je passe devant et je prends les voiles. Personne ne cherche à me suivre, je me retrouve seul au bout de 150m. Peu importe, il faut optimiser la préparation. Je suis en manque de course et il est important pour moi de me mettre en condition, dossard sur le plastron, et de regoûter aux joies de la compétition.
Nous traversons le port, pour en ressortir par la zone d’activité. Deux vététistes me précèdent pour m’indiquer la voie à prendre, mais la signalisation est claire. Ils ont l’avantage de me servir de lièvre.
Un bout de remblai et nous descendons une cale pour nous retrouver sur la plage. Je file directement sur la partie la plus dur de la plage et poursuis à mon allure. De l’autre côté de l’anse, nous remontons une rampe où nous accueillent des bénévoles qui nous oriente sur une piste. Petite virée de 2km à l’intérieur des terres, en parallèle à la mer. Premier carrefour, et je bénéficie des encouragements de Laurent. Petite clownerie au passage pour la photo, et je poursuis à vitesse soutenue.
Nous ressortons des bois et de la piste pour retrouver la plage. Cette fois ci pour une longue virée sur le sable de cette cote toute droite. Je me retourne de temps en temps, l’écart est déjà important. Je cours derrière le VTT qui m’ouvre la plage. Je reste au bord de l’eau, tout en esquivant les vagues régulières, pour trouver le sable le plus dur possible. Quelques rochers au milieu à contourner, puis une buse, pour quelques pas en sables mous qui coupent le rythme. Je reprends aussitôt le sable dur pour relancer. La fin de la plage approche. Le Cap du Sud de l’Ile montre son nez. Et mon vététiste commence à s’ensabler. Je pars devant poussé par le vent.
Enfin la fin de cette ligne droite, je coupe dans le sable mou pour remonter sur le parking. Je retrouve un sol bien stable et relance, un nouveau cycliste devant moi. Un bout de piste jusqu’au cap, et puis ce sont de nouveau paysage qui se présente en changeant de coté de l’ile. C’est maintenant un sentier des douaniers en tête de petit surplomb qui domine une mer qui s’échoue sur les rochers. C’est maintenant vent dans le nez que nous devons progresser. La monotonie de la plage fait place à la variété d’un monotrace sillonnant la cote. Un décor magnifique qui me motive et me fait relancer à nouveau. De mémoire, j’ai en repère 9km à ce niveau de la course. Autant dire qu’il reste encore une trotte ! A la montre, je suis à 3’40’’ au kilomètre de moyenne depuis le départ. C’est très bien … mais il reste encore 36km !
Cette partie passe vite, trop vite, le plaisir stimulant, la variété des paysages faisant oublier l’effort. J’arrive au 11ème kilomètre, c’est le premier ravitaillement. Les encouragements d’Iza avant de descendre sur la plage où se trouve le premier point. J’ai un porte bidon double. Ils sont encore suffisamment remplis. Je ne m’arrête pas.
La première partie est terminée. Je vais entamer la partie intérieure de la course. Une boucle de 12km à l’intérieur des terres, histoire de visiter aussi les entrailles de l’ile ! Et je ne suis pas déçu non plus !
Autre tronçon, autre vision de l’ile. Des pistes certes, mais également beaucoup d’ancien chemin enherbé tel que nous aurions pu les courir il y a un siècle. Des chemins encaissés au milieu de haies…à peine quelques mètres de bitume en traversée de hameaux. En bout de chemin, j’aperçois Raphael sur son VTT, appareil photo au poing, qui m’attend et m’encourage. Un peu plus loin, une chariote avec Paul et Enzo dedans, qui crie des « Allez Papa » qu’il maitrise maintenant ! Un petit coup de boost, je relance. Le temps d’attacher la remorque et Raphael et les enfants sont derrière moi à m’encourager. Mon VTT ouvreur toujours devant à apprécier le spectacle de mon jeune public m’encourager !
15ème kilomètre, je passe devant les filles et les tout petits pour de nouveau encouragement. Je suis à 3’48’’ au kilo de moyenne. C’est bien ! Toujours dans le tempo pour atteindre l’objectif de Coach Pascal, à savoir être en 3h sur la course, soit 15km/h de moyenne. 1/3 de la course est faite…mais peut être le plus facile…fraicheur oblige et vent favorable sur le premier tronçon !
Je poursuis sur ma boucle intérieure en relançant à nouveau derrière le vététiste, mes supporters n’ayant pu me suivre plus longtemps. Quelques passages boueux, plusieurs relances, de petits sentiers et quelques pistes, les kilomètres commencent à se faire sentir dans les jambes, et j’en arrive en fin de boucle pour bientôt retrouver la cote. Juste avant de retrouver le bord de mer, quelques vélo supporter de la Vaillante m’encouragent.
J’arrive enfin au ravitaillement du 24ème kilomètre. La mi-parcours est passée. L’objectif, toujours garder le même tempo. Je m’arrête cette fois-ci boire quelques verres. Et je repars aussitôt. Je retrouve la queue de la course du 23km qui n’a pas eu la boucle intérieur supplémentaire. Nous avons maintenant une portion commune sur le sentier côtier. Doubler des coureurs me relance et rythme à nouveau ma course. Le VTT devant moi se faufile entre les coureurs, je fais de même à retardement. Aucuns d’eux n’oublient de m’encourager au passage, j’essaye tant que possible de leur retourner. Je reconnais de temps en temps un maillot vert vertavien, et je glisse un « allez Vertou » au passage.
Quelques talus à monter, quelques escaliers en complément, pas bien méchant mais qui agresse les jambes à ces allures soutenues. La moyenne baisse fatalement. Pas de monotonie, de la relance, et des points de vue magnifique. Pas de grosse chaleur, un voile nuageux nous épargnant les agressions du soleil. A nouveau Laurent, qui m’indique une Véronique que je pourrais rattraper avec la nouvelle séparation des parcours.
Je m’amuse !
Bientôt le Vieux Château, trônant sur son rocher abrité dans son anse. Une coureuse c’est arrêtée, c’est Véronique…bah alors !?! Je poursuis, derrière le VTT de tête.
Les parcours ne tardent pas à se séparer. Dernier ravitaillement. 34km. Je remplis l’un des bidons pour la dernière portion. Quelques mètres et je me retrouve à nouveau seul. Le parcours du 23km bifurquant vers l’arrivée. Quant à nous, nous poursuivons sur la côte jusqu’au bout de l’Ile. Cette fois, le terrain est plat. J’ai une bonne piste…mais un fort vent de face ! On ne peut pas tout avoir !
Les deux cyclistes devant moi s’en amuse et rigole bien. Je prends brièvement part à la conversation mais je me calme rapidement, il faut relancer. La moyenne est maintenant de 3’53’’. Et il reste encore 10km. Je devrais remplir le contrat, mais il ne faut pas s’endormir pour autant. Dur les courses en solitaire ! Dur de conserver seul une allure soutenue …
Je souffle…un peu, trois kilomètres et nous arrivons au petit phare qui trône au bout de l’ile. Quelques courageux bénévoles en plein vent m’encouragent, et je passe sur le tapis de pointage et repars…enfin vent de dos ! Plus que 7km !
Nous tournons un buisson…je stoppe ! Les VTT sont de l’autre côté et ne me voient pas mais doivent s’interroger en ne me voyant pas arriver…je suis en train de vomir ! Quelque chose est resté coincé dans la gorge…j’évacue !
Libéré, je repars. « Ca va ? » – « Oui ! »… Quelques hectomètres de piste, quelques nouveaux encouragements de locaux …
Nous nous engageons sur une piste de cyclocross. Ca tournicote dans tous les sens. J’en perds le Nord, je suis déboussolé. L’arrivée est par là…on va dans l’autre sens, puis on revient avant de s’en écarter à nouveau…mais que fait-on ?!? J’ai hâte d’en terminer maintenant ! Un panneau indique plus que 5km…bon, ca va…mais la piste continue toujours à serpenter au milieu des landes ! Grrrr
On en sort enfin ! Un peu de piste, cette fois elle parait dans la bonne direction. Ouf…
Plus que 3 km. Un peu plus moins, ma montre m’indique 42,2km. Passage au marathon. Je regarde par curiosité le chrono…2h43’…c’est mon nouveau record sur marathon !! Satisfaction !
Je n’en avais fait qu’un sans entrainement il y a plus de 10 ans…en 2h53’. J’avais fait un 2h58’, mais sur Ironman. J’avais bien fait aussi un 2h48’, mais c’était lors de 80km de l’éco-trail de Paris. Je note donc cette nouvelle marque à 2h43’, même si elle n’est bien sûr pas officielle.
Nous retrouvons certains coureurs du 23km après ce « petit » détour par le bout de l’Ile pour le final de la course.
Une tape dans la main d’un bénévole qui m’encourage. J’en ai bien besoin maintenant, je commence à ralentir et à m’impatienter de l’arrivée.
Un peu de bitume, et je m’engage sur le dernier chemin en compagnie de mes fidèles vététistes, en encourageant les derniers coureurs de la course de 23km.
Le stade d’arrivée est en approche et j’entends maintenant parfaitement le speakeur animer le site. Je suis d’ailleurs annoncé !
La communication insulaire à fait son effet, rarement j’ai été encouragé de cette manière tout au long du parcours, des « Allez Erik », me permettant de croire que mon nom était inscrit sur mon dossard, ce qui n’était pas le cas, ou de « Allez Champion », ou encore de certain locaux s’interrogeant « c’est le champion du monde !? »
L’entrée du stade est en vue, bientôt le dernier virage avant d’y entrer. Le terrain de foot au milieu de la piste est plein de monde, coureur des courses déjà arrivées ou accompagnateurs. Je m’engage sur la piste périphérique pour un dernier demi-tour de piste, tout le monde se rapproche du bord de piste, et je termine les 200 derniers avec des encouragements comme j’en ai rarement eu, j’en ai la chair de poule. Quelques tapes dans les mains, et des coureurs vertaviens toujours aussi vaillant et surtout bien présent pour donner de la voix, je franchis la ligne, bouclant la course en 2h55’, satisfait de remplir le contrat demander par le coach, et réconforter sur mon état de forme. Après le Trail d’Ancenis, je monte en distance et en puissance, les jambes reviennent et les déboires du printemps devenant de mauvais souvenirs.
Je retrouve après la ligne le speakeur qui ne manque pas de me demander mes impressions, puis je retrouve mes supporters tout en rencontrant de nouvelles personnes.
Je retrouve Stéphanie qui m’invite à donner le départ de la course des enfants. J’accepte avec grand plaisir de libérer cette envolée de jeunes coureurs qui partent dans un sprint que je n’aurais pas aimé défier !
Après cet intermède et phase de récup au soleil, nous rentrons à la maison pour une bonne douche et surtout un bon repas qui se faisait attendre !
Je reviens en fin d’après-midi sur site avec Raphael pour le podium qui clos cette belle journée en compagnie d’un grand soleil.
Quelques sollicitations bien sympathique, et je m’en vais après avoir salué le maire de l’Ile ainsi que Stéphanie.
Nous enchainons en famille à la plage pour une petite session d’1h de plongée, fusil en main, avec au large la bateau des affaires maritimes…humm…Je reviens bredouille alors que Raphael lui reviens avec une araignée et un poisson qui nous pose quelque problème pour son identification, mais que nous mangeons malgré tout ! Quoi qu’il en soit, pour moi, ce sera un bon bain récupérateur qui fera office de cryothérapie !
Le weekend se poursuit, nous passons le dimanche à la plage, et l’après-midi dans l’eau. J’ai cette fois-ci la satisfaction de « cueillir » quatre belles araignées dans une mer bien agitée. Agitée il faut dire au point que nous ne voyons aucuns poissons ! Pas fou les poissons ! J’en ressors au bout de presque 2h, l’estomac barbouillé, et retourne à la plage ou je vomi tout le pique-nique du midi ! C’est une première aussi ! Vive l’Ile d’Yeu ! Peu importe, je me vengerais ce soir sur les araignées pêchées !
ET puis il y a des rencontres venues de nulle part.
Nous nous installons dans le bateau de retour, et un « employé » de la compagnie Yeu-continent me salut par mon prénom ainsi que Céline et les enfants. Un large sourire, et nous engageons la discussion. Il était bénévole sur la course ! Nous nous étions tapés dans la main deux kilomètres avant l’arrivée.
Il nous laisse nous installer et revient avant le départ du bateau. Il m’invite dans la cabine de pilotage, tout en haut ! J’emmène Enzo avec moi. Nous montons les escaliers et visitons l’espace, des écrans, des boutons partout. La barre, un petit levier à manier avec précision. Mon hôte n’est en fait pas n’emporte qui, je l’aurais su je l’aurais imaginé avec une barbe blanche et la casquette blanche…c’est le capitaine ! Cap’tain Gibus !
Il sort le bateau du port, en en mer, il cède son siège de commandant à Enzo ! Qui fera toute la traversée sur ce prestigieux fauteuil, face à l’écran radar, avec la mer en panorama.
Le bateau arrive, je lui demande son nom…c’est Alain Gilbert, alias Gibus…rencontre d’un jour, à bientôt « Gibus » !
Il me laissera un grand souvenir de cette ile, lui, les autres rencontres ainsi que les paysages…nous reviendrons !
Maintenant, place à quelques jours au grand air de la montagne pour un affinage de préparation à Courchevel avec Hervé le Parapentiste en guise de guide ! Merveillous !
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